Ce dimanche 2 février, le stade Didot donnait le coup d’envoi d’une des huit affiches des huitièmes de finale de la Coupe de France. Le Club Athlétique de Paris 14, dernier pensionnaire de Régional 1, encore en lice, recevait le Stade de Reims, actuellement 9ème de la D1 Arkema. Une affiche avec trois divisions d’écart mais historique pour le club le plus vieux de la capitale qui vivait son premier huitième de finale en Coupe de France. Si le CA Paris 14 a mis tout en oeuvre pour que la fête soit au rendez-vous, la différence de niveau avec le Stade de Reims n’a pas permis aux supporters venus en nombre de vivre un exploit. Le CA Paris éliminé 8-0 à l’issue du match, PiedsCarrés-Féminin est allé à la rencontre de Mahauld Becker-Granier, joueuse emblématique du club, qui nous a fait le plaisir de nous donner ses impressions.
PiedsCarrés-Féminin : Tout d’abord félicitations pour votre parcours historique en coupe de France, cette saison. Au niveau des émotions vous avez réussi à le gérer de quelle manière ?
Mahauld Becker Granier: Aujourd’hui ça va car on savait qu’il y avait un décalage. On était conscients de la difficulté et on s’attendait à un scénario comme celui-ci. L’important était de rester concentrées et de bosser pour ce qui nous intéresse, c’est-à-dire, le championnat.
PCF : Ce match était donc du 100% plaisir ?
Mahauld : 100% tenter de prendre du plaisir. Ce n’est pas facile quand on fait que courir pendant 90 minutes derrière la balle et pas avec la balle. Cependant quand même plaisir car dès que l’on touchait la balle, il y avait un engouement de folie dans les tribunes et cela fait vraiment plaisir.
PCF : Qu’est-ce qui a fait la différence cette saison pour arriver à ce stade de la compétition, hormis les tirages favorables que vous avez eu ?
Mahauld : On a eu deux tirages favorables mais nous sommes tombés sur deux très bonnes R1 (Valenciennes puis Le Mans), qui sur le papier étaient presque meilleures que nous. À chaque fois on a vraiment réussi car on avait la niaque et la solidarité. Quand tu gagnes deux matchs de coupe de France aux tirs au but c’est que c’est l’histoire, qu’on le voulait vraiment.
PCF : C’était le destin ?
Mahauld : C’est le côté collectif, ce n’est pas que le coach s’en fout mais on sait que la Coupe de France est la priorité des joueuses. Jouer un match de Coupe de France au mois de février ne m’était encore jamais arrivé de ma vie et cela ne se reproduira peut-être jamais. Ensemble on voulait jouer le plus de matchs possibles, prendre du plaisir pour avoir droit à une belle fête comme ça.
PCF : Penses-tu qu’une équipe de R1 arrivera à créer l’exploit face à une équipe de D1, comme on peut le voir du côté masculin ou l’écart est encore bien trop grand ?
Mahauld : En Coupe de France, je pense que c’est très compliqué car l’écart avec la D1 est encore plus grand que chez les hommes. Elles sont professionnelles alors que nous le sommes pas du tout. Nous avons toutes des vies à côté, on bosse et on ne s’entraîne que deux fois par semaine. Après une journée de boulot, ce n’est pas pareil que si on faisait une séance d’entraînement puis une séance de musculation, cela, cinq fois dans la semaine.
PCF : Et est-ce que ça vous donne des envies de développer votre section féminine justement ?
Mahauld : L’objectif du club c’est avoir une structure amateur après je ne suis pas présidente donc ce n’est pas moi qui décide de ce que l’on fera à l’avenir.
PCF : Tu aimerais bien ?
Mahauld : Moi personnellement non, j’ai envie de rester amateur et cela me va très bien comme ça (rire). Après si un jour l’équipe monte en D2 et que l’on arrive à recruter des joueuses semi-professionnelles, tant mieux. Moi je suis contente d’avoir fait partie de la création de cette section (CA Paris 14) mais je n’ai pas pour envie de devenir pro (rire).
PCF : Jouer contre une D1, vous a permis de voir la différence de niveau, c’était comment ?
Mahauld : C’est impressionnant, surtout physiquement. Elles ont toujours deux mètres d’avance sur nous donc même si elles ratent un contrôle, elles ont toujours le temps de se rattraper trois fois, alors que nous, si on le réussit, elles ont toujours le temps de revenir.
PCF : C’est vrai que vous perdiez tellement d’énergie à la récupération que c’était compliqué pour vous de développer votre jeu et d’approcher les cages adverses.
Mahauld : Exactement, on n’a pas fait un tir cadré je pense. À la récupération, on essayait de trouver un appui mais c’était très dur de conserver le ballon. On se retrouvait souvent à balancer pour essayer de les faire reculer mais concrètement nous n’avions pas beaucoup de solutions offensives aujourd’hui. Dès que l’on essayait des choses on comptait sur leur maladresse mais ce n’était pas facile.
PCF : Ce match est l’un de tes meilleurs souvenirs football ?
Mahauld : Je dirai que mon meilleur souvenir restera le seizième de finale contre Le Mans, qui était vraiment une fête de folie. C’était un match incroyable avec un vrai scénario de coupe de France (1-1, 5-4 aux tirs au but). Aujourd’hui c’était une belle fête et c’était cool que les familles, les amis, tout le monde soit là. On s’est éclatées et d’entendre chanter tout le match c’était super. Après quand tu perds un match 8-0, cela ne peut pas être le plus beau jour de ta vie (rire).
PCF : (rire) Le FC Metz en a pris 7 alors que c’est une D1, donc soyez fières de vous ! En tout cas l’ambiance était vraiment cool. Bonne continuation Mahauld et au CA Paris.
Mahauld : Merci, salut.