Le choc tant attendu depuis le 8 décembre dernier, jour du tirage au sort des poules, était enfin arrivé. Un quart de finale explosif entre la France, pays hôte, et les États-Unis, champions du Monde en titre. Une affiche XXL qui rassemblait ce vendredi 28 juin, les fans de football féminin, les supporters, les diffuseurs et les curieux.
Annoncée comme une finale avant l’heure, Corinne Diacre présentait, à deux exceptions près, le même XI de départ que celui aligné face au Nigeria. Eugénie Le Sommer et Élise Bussaglia laissaient Viviane Asseyi et Charlotte Bilbault sur le banc. De son côté, Jill Ellis, réitérait le même XI que celui du 8ème de finale remporté contre l’Espagne quatre jours plus tôt.
Dans un Parc des Princes bouillant et garni par 45 595 supporters en liesse, les Américaines allaient cueillir à froid le bloc Français dès le coup d’envoi. L’ouverture de Mewis pour Rapinoe cassait les deux lignes défensives tricolores avant de voir la frappe de Julie Ertz, plein axe, être captée par Bouhaddi (1′). Deux minutes plus tard, sur une touche rapide, Rapinoe lançait Morgan dans le dos de Mbock, obligeant la Française à intervenir illicitement pour anéantir l’action. Une faute de concentration sanctionnée d’un jaune que les Bleues allaient payer cash. Le coup-franc de Rapinoe merveilleusement fouetté, terminait sa course dans les filets de Bouhaddi (5′). La 5ème ouverture du score de suite dans les 12 premières minutes pour les Américaines dans ce Mondial. Sous pression par le pressing haut Américain, il fallait attendre la 13ème minute pour apercevoir la première offensive Française. Alors que Rapinoe déposait une nouvelle fois Torrent sur son couloir avant de trouver Morgan qui tirait sans inquiéter Bouhaddi; la tête de Le Sommer sur un centre de Majri était captée sans problème par Naeher. En supériorité numérique au milieu de terrain et face aux largesses défensives tricolores, les Américaines procédaient en contre rapides cassant les lignes. Le but du break était admirablement évité par un tacle glissé de Bouhaddi dans les pieds de Rapinoe lancée dans l’intervalle par Morgan (16′). Ne parvenant pas à trouver de solutions face à un bloc resserré, les tentatives lointaines de Bussaglia puis Henry finissaient hors cadre (18′). Durant toute la première période, les Américaines quadrillaient à merveille les relances Françaises. Si la possession était du côté des Bleues, le manque de justesse technique dans les transitions et le manque de présence dans la surface n’inquiétait pas Naeher, peu sollicitée. L’animation offensive française trop timide malgré les percussions de Diani face à Dunn aboutissait sur une troisième première mi-temps de suite sans le moindre tir cadré pour l’équipe de France.
Au retour des vestiaires, les Américaines partaient sur les mêmes bases. Rapinoe trouvait Mewis entre Bussaglia et Torrent qui d’une frappe tendue obligeait Bouhaddi à se détendre avant d’annihiler la reprise de Tobin Heath (46′). Un avertissement sans conséquence qui allait réveiller les Bleues. La double tentative d’Henry aux 20 mètres, mettait le feu dans la surface Américaine tandis que la tête de Le Sommer sur le corner de Thiney fuyait le cadre (53′). Cinq minutes plus tard, alors que Gauvin manquait de justesse sa tête à bout portant, Le Sommer, restée au second poteau, reprenait le cuir dans le petit filet extérieur gauche (58′). Dans la foulée, la passe lumineuse de Thiney dans l’intervalle trouvait Diani mais son tir était contré par un excellent retour défensif de Dunn (59′). Un temps fort non converti par les Bleues que les Américaines allaient inverser sans pitié. Renard n’attaquant pas son ballon permettait à Morgan, entre trois françaises, de décaler Heath qui voyait son centre être repris par Rapinoe complètement esseulée au second poteau. Le but du break au bout du pied, Rapinoe venait d’inscrire deux doublés en deux matchs (66′). Un déficit de deux buts à rattraper pour la France face à une formation Américaine passée en 5-4-1. Seule en pointe, Morgan était pourtant à un cheveu d’orchestrer le troisième but mais une position de hors-jeu sur sa passe pour Dunn annulait la finition de Tobin Heath partie dans le dos de Majri (75′). Passée proche de la catastrophe, Diacre opérait son premier changement à un quart d’heure du terme avec Cascarino à la place de Gauvin (76′). Alors que le temps s’écoulait, Henry bousculée par O’Hara bénéficiait du coup-franc de l’espoir. Botté par Thiney, le premier coup de pied arrêté du match centré à l’attention de Renard faisait mouche (80′). Revigorées, les Bleues pensaient même bénéficier d’un coup de pouce du destin quand le centre de Majri dans la surface a heurté le bras d’O’hara. Une main indiscutable synonyme de penalty que ni la VAR ni madame Monzul n’ont accordé (85′). Incroyable mais vrai ! Le rêve de coupe du Monde s’arrête au Parc des Princes pour la France. Les Américaines atteignent, elles, leur 8ème demi-finale sur 8 possibles dans la compétition.
Malgré un soutien populaire hors normes et deux ans de préparation pour tenter de bâtir une équipe taillée pour aller chercher le titre, la France échoue une nouvelle fois en quart de finale d’une compétition. Un échec essuyé cette fois à domicile, révélateur d’un football féminin français qui ne progresse pas. Si sur le papier tout était réuni pour évoluer dans les meilleures conditions, l’ascenseur émotionnel va être rude pour la Fédération Française de Football. Pourquoi des joueuses qui marchent sur leur championnat national et sur l’Europe sont incapables de performer de la même manière en sélection ? La FFF va devoir digérer cet échec cuisant et se pencher une bonne fois pour toute sur l’état de son championnat féminin sûrement trop faible pour en tirer des internationales françaises compétitives sur tout un tournoi.